Les techniques SRS (Stationary Rope System) étaient auparavant appelées SRT (Single Rope Technique). Ces techniques ont conquis de nombreux arboristes depuis son introduction en Europe.
L’utilisation de cette technique de grimpe contemporaine facilite les déplacements ainsi que les travaux d’élagage et de taille. Cela est notamment vrai sur les arbres ayant un port étalé.
J’expliquerai ici quelles sont, à mon sens, les principaux avantages de cette méthode de travail. J’exposerai également quels en sont les inconvénients et comment les contourner.
Avantages du SRS (SRT)
Redondance du point haut
Installation
Tous mes accès se font désormais en SRS. Une fois arrivé en haut de mon accès, je demande à l’Homme-de-pied de connecter le brin de la corde d’accès par lequel je suis monté sur l’ancrage basal, de façon à créer une boucle. Je met ensuite en place ma fausse-fourche en simple sur une fourche de confiance.
Je place ma fausse-fourche dans une fourche de l’arbre pour ne pas avoir à utiliser de système étrangleur qui abime l’écorce, le cambium et parfois l’aubier.
En partant de mon assureur, je fais passer ma corde de travail dans le gros anneaux de la fausse-fourche, puis dans le petit. Je réalise un nœud papillon, sécurisé par un mousqueton qui vient en buté contre le petit anneau de la fausse-fourche. Finalement, je reconnecte ma corde de travail à ma corde d’accès en utilisant un nœud papillon sur chacune des cordes, relié par un mousqueton quad-lock. Enfin, je demande à mon homme-de-pied de reconnecter le brin de la corde d’accès par lequel je suis monté sur ma sangle basale.
Conséquence
Désormais, si la fourche sur laquelle est ma fausse fourche venait à se rompre, je serai repris par la corde d’accès.
Pour gagner encore de la hauteur sur mon point haut, je réalise finalement une dérivation récupérable à l’aide d’un nœud type Beasthorn au dessus de la fausse-fourche.
Je dispose alors d’une double sécurité : si la dérivation vient à se rompre, je suis repris par la fausse-fourche, si elle casse à son tour, je suis repris sur l’accès.
Le gain en sécurité vis à vis des rupture d’ancrage est donc très important, et cela me permet de placer mon point haut (dérivation ) bien plus haut que je ne l’aurais fait en DRT.
Dérivations en SRS (SRT)
La façon de se déplacer dans l’arbre pour une opération d’élagage est différente en SRS (SRT) qu’en DRT. En SRS, on va travailler verticalement, par puit. On plae des dérivations afin de placer le point haut à l’aplomb de la zone de travail. Cela permet de travailler facilement dans des arbres amples sans déplacer sa fausse-fourche.
Les dérivations en DRT demandent du matériel et diminuent le rendement du système. Elles sont plus simple sur une corde statique en SRS (SRT).
Les deux principales dérivations que j’utilise sont :
Nœud type Beasthorn
Il s’agit d’un nœud permettant de créer une dérivation récupérable en tirant sur le brin de corde supérieur. Facile à mettre en place et sans besoin de matériel particulier, c’est le type de dérivation que j’utilise le plus. Il s’agit du nœud qui est au dessus de la fausse-fourche sur les images ci-dessus. Vous trouverez une bonne vidéo explicative ici : vidéo de Climbing Arborist sur YouTube. Seul bémol que je met à cette vidéo : il faut que le brin au dessus de la dérivation (qui remonte vers la fausse-fourche) soit lâche, avec du mou. Sinon les oscillations des branches dues au déphasage peuvent tirer sur ce brin et défaire la déviation ! Une dérivation Beasthorn ayant un brin amont détendu est également plus simple à récupérer.
Dérivation haubanée
Lorsque la branche sur laquelle on veut créer la dérivation est trop faible, on peut utiliser une dérivation haubanée. A l’aide d’une sangle et d’un mousqueton, on vient entourer la branche. On place la corde dans le mousqueton à l’aide d’un demi-cabestan. Pour finir, on tend la corde de travail dans le demi-cabestan. Cela permet de répartir notre charge sur la dérivation et la fausse-fourche. La branche de la dérivation travaille alors dans le sens longitudinal et sa résistance est bien supérieure.
Facilité de la remontée sur corde
Pour l’accès ou le travail, il est plus facile de remonter sur une corde statique que sur une corde mouvante.
A l’aide d’une double pédale pied et genou, ce sont les jambes qui travaillent. L’effort est bien inférieur que sur un système DRT. De plus, on ne doit remonter que la longueur de corde correspondant au dénivelé remonté. En DRT, à l’opposé, on doit tracter deux fois plus de corde.
Double-ancrage en bout de branche en SRS (SRT)
La corde de travail étant statique, on peut utiliser la technique du double-ancrage sur corde. Cette technique permet de se longer sur la corde, après dérivation derrière une branche trop fine pour être considérée comme un ancrage.
Le grimpeur est stabilisé car triangulé, et s’il venait à sectionner sa corde, il serait repris par sa longe. La longe se connecte alors à la corde de travail grâce à un prussik. J’utilise personnellement le nœud de Blake pour sa rapidité et son mordant.
La connexion doit se faire à une distance suffisamment grande du grimpeur pour être sûr qu’il ne puisse pas atteindre le nœud. De ce fait, le grimpeur ne peut pas couper la corde en amont du prussik.
Longueur de corde utile
Par rapport au DRT, ola longueur de la corde en simple (SRS) est deux fois moins longue. De plus, il est facilement possible de régler la longueur de corde utile au niveau de la fausse fourche. Cela s’effectue en réglant la position du nœud papillon bloquant dans celle-ci. On peut alors réduire la longueur de corde pour ne pas avoir à brasser trop de corde inutile. Attention cependant à conserver une longueur de sécurité pour pouvoir toujours revenir au sol. Prendre en compte les grands déplacements à 45° et les dérivations à venir.
Inconvénient majeur du SRS (SRT)
Sur un système SRS (SRT), le grimpeur tracte son propre poids sur le brin de corde statique. Ceci est contraire au DRT où il n’en tracte théoriquement que la moitié (grâce à la poulie de la fausse-fourche). Cela peut alors être problématique lors d’un retour de branche complexe. Un bon exemple est une branche hypotone et de faible diamètre. On constate effectivement sur les rencontres d’arboriculture que les compétiteurs en SRS (SRT) font globalement des scores plus faibles sur les branches munies d’un buzzer que les grimpeurs en DRT. La branche a tendance à d’avantage ployer lors du retour.
Parade
La première solution consiste à placer une dérivation au dessus du poste de travail. Cela permet de travailler à l’aplomb de celle-ci. On travaille alors avec plus de confort et de sécurité, et donc avec plus de qualité.
La seconde solution consiste à placer un mousqueton poulie sur la corde, à l’aide d’un prussik (ou tout autre bloqueur). On se sert de cette poulie pour réaliser un auto-mouflage. La corde sortant de mon assureur repart vers le mousqueton-poulie en amont et revient à moi. Je suis alors mouflé et je ne tracte plus que 1/4 de mon poids. Le retour de branche est alors plus aisé qu’en DRT. Une fois intégrée, cette manipulation ne prend que quelques secondes à être mise en place. Elle augmente grandement la facilité du travail en bout de branche.
Conclusion
Je ne grimpe pas systématiquement en SRS (SRT), je continue parfois de grimper en DRT. Le DRT se révèle effectivement souvent utile dans certaines situations.
Le SRS (SRT) est néanmoins plus sécurisé pour toutes les raisons évoquées dans cet article. Il permet également un travail plus simple et efficace dans les arbres amples.
Je vous invite à étudier la vidéo de Tanguy Bonniord ci-dessous. Elle présente avec brio la majorité des techniques évoquées dans cet article.